Le nouvel âge des cavernes - Les refuges de l'anxiété

Le nouvel âge des cavernes - Les refuges de l'anxiété

En ce début de xxie siècle, c’est la course effrénée à la performance. Qu’arrive-t-il lorsque l’on se sent en difficulté devant ce monde qui nous semble étranger ? Plusieurs chercheront un abri, un cocon, un havre de sécurité, se réfugiant dans des cavernes dites affectives, et s’enfonceront au risque de s’y perdre.

Cette sécurité, toute relative, les empêchera de recouvrer la lumière du jour. Dans ce cas, la dépression, le mal-être, l’angoisse, la panique, l’agoraphobie et la dépendance affective peuvent, inconsciemment, procurer un certain refuge, une forme de justification au refus de la vie.

Pour refaire surface et reprendre le goût de vivre, il faut trouver la motivation nécessaire pour passer à l’action. Il faut également accepter de vivre pleinement, en reconnaissant que la vie n’est pas toujours rose, mais qu’elle offre tout de même une belle palette de teintes.

Retrouver l’espoir, prendre conscience de tous les petits bonheurs et satisfactions de ce monde, et accepter de quitter son abri pour reprendre la route demandent persévérance et courage.

Les outils et les exercices proposés dans ce livre permettent une meilleure compréhension des mécanismes qui nous poussent dans ces retraites nuisibles. Pour éviter de nous y diriger, et de régresser au lieu d’avancer, il nous faut simplement revenir à l’essentiel, aux éléments simples qui peuvent nous apporter le bonheur et, surtout, la vraie liberté.

Louise Reid



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Avant-propos

Se pourrait-il que certaines personnes se complaisent dans la dépression au point de vouloir y demeurer ? que le goût de vivre soit si dur à porter que certains ne souhaitent pas vraiment le retrouver ? que l’impression d’être dans un trou noir, dans une caverne sombre apporte un sentiment de sécurité ? que certains trouvent de la satisfaction dans l’éternelle insatisfaction ? que de vieilles pantoufles trouées soient plus confortables que les souliers neufs? que les ombres puissent paraître plus douces que la lumière ? que le malheur en arrive à constituer une nourriture satisfaisante ?

C’est ce que semblait croire le philosophe grec Platon, 400 ans avant J.C. , quand il nous donnait l’allégorie de la caverne, dans La République - livre VII et c’est ce que je suis également portée à croire. Cette allégorie nous enseigne qu’un milieu sombre, isolé et froid, peut sembler inhospitalier à ceux qui résident en pleine lumière. Or, une fois que les gens qui habitent un tel milieu se sont acclimatés à la noirceur, à la solitude et à la froidure, ils peuvent y trouver un certain confort et une sécurité relative qui les font hésiter à retourner vers la lumière.

De plus en plus de gens s’enfoncent dans la dépression, dans le mal-être, l’angoisse, la panique, l’agoraphobie et la dépendance affective et ils y trouvent inconsciemment un certain refuge, une forme de justification au refus de la vie. Bien sûr, la dépression, l’anxiété, l’angoisse, la phobie et la dépendance sont préférables au suicide mais elles représentent malheureusement le remplacement d’un mal-être par un autre encore plus grand.

Après avoir vécu dans cette forme de misère plus de la moitié de mon existence, il m’a fallu accepter d’en sortir, ce qui n’a pas été facile. J’avais beaucoup trop peur de ce que la vie pouvait me réserver. Cependant, je savais inconsciemment que je ne pouvais pas me plaindre, que je devais assumer les conséquences de mes choix.

Certains se sentent mal dans leur peau; ils ont besoin qu’on prenne soin d’eux car ils ne se sentent pas assez outillés pour faire face aux difficultés de la vie. Ils savent pertinemment que le monde actuel est pénible à affronter. Toutefois, ils se lancent dans l’aventure. Voilà une forme de vérité. Or, voici une vérité inconsciente qui est beaucoup plus réaliste même si elle peut sembler très dure. Nous allons voir que certaines personnes sont en dépression parce que dans le fond de leur trou noir, elles se sentent justifiées de ne pas faire face à la vie. D’autres sont agoraphobes parce que, enfermés entre leurs quatre murs, elles n’ont à affronter ni la vie et ses difficultés, ni le regard des autres. D’autres encore s’enferment dans la rancune et le ressentiment; ainsi, elles fuient leurs obligations face à elles-mêmes et tiennent les autres responsables de leur difficulté à accepter les vicissitudes de la vie.

Si ces personnes apprenaient qu’une simple opération pourrait les faire sortir comme par magie de la dépression, de l’agoraphobie et du ressentiment et qu’elles seraient par la suite en mesure de recommencer à vivre, leur première réaction serait sans doute : Wow ! C’est vrai ? Réellement? Ce serait miraculeux !

La réaction suivante serait probablement : Mais ... une minute ! Un instant ! Pas trop vite! Oui ! Ok...je veux...mais... je veux pas trop y croire car j’ai peur d’être déçu.(ça ressemble à de l’auto manipulation). Ça ne marchera pas avec moi (Pourquoi donc, si ça fonctionne avec les autres ?) Je n’ai pas les moyens financiers (c’est presque gratuit !). Euh... euh ...

Et si elles disaient plutôt : Si je me libère de la dépression, de l’agoraphobie, de la fatigue chronique ou de ma dépendance, et que je puisse à nouveau avancer normalement, qu’est-ce que je vais faire? qu’est-ce que je vais devenir ? où est-ce que je vais me retrouver ? pour quelle raison devrais-je faire tous les efforts que demande cette vie ?

Le problème majeur réside dans cette question : « Si la vie n’a aucun sens, pourquoi devrions-nous la vivre ? » Ce qui me chagrine réellement, c’est de voir que des gens sont prisonniers dans une caverne humide; qu’ils y vivent dans l’ombre; qu’ils ont appris à demeurer dans la noirceur; qu’ils se croient plus en sécurité là que n’importe où ailleurs. Ils ont perdu le sens de la vie et la croyance qu’ils peuvent la traverser. C’est pourquoi leur esprit inconscient les pousse à demeurer dans le noir.

Voilà où, en pensée, je puis me rapprocher d’eux. Non pas que je désire les rejoindre dans leur caverne, surtout pas, car depuis que je suis sortie de la mienne et que j’ai vu la vie, je ne veux plus jamais retourner dans l’ombre. Mais... je comprends exactement où ils se trouvent.

Je sais qu’au premier abord, ces paroles peuvent paraître dures Cependant, j’ai rencontré tellement de gens qui m’ont dit vouloir s’en sortir et qui ont refusé la perche qui leur était tendue dès qu’ils ont compris que la saisir les ferait sortir de leur caverne. Et moi, à l’autre bout, pleine de bonne volonté, je tenais la perche et j’attendais en me disant que la personne avait compris qu’il existe vraiment un moyen de sortir de là et qu’elle allait se décider... Cependant, la plupart du temps, la perche ne ployait pas parce que la personne qui, d’un côté, semblait réellement vouloir en finir avec son mal-être, de l’autre, s’était réfugiée encore plus loin dans sa caverne parfois même dans des tunnels secondaires.

“Je te crois quand tu me dis qu’il y a de la lumière, dehors mais... je ne me sens pas prêt à la voir, à l’affronter. Je vais rester ici encore un peu.” En trouvant la sortie de ma propre caverne, j’ai découvert que chacun avait cette possibilité. J’ai cru que tous ceux qui étaient enfermés voudraient eux aussi se retrouver à l’air libre (je n’avais pas encore lu l’allégorie de Platon intitulée “La caverne” , une allégorie que nous verrons dans le premier chapitre). Je me disais avoir enfin trouvé ma mission, la raison de mon séjour sur terre ! Je n’avais pas souffert en vain, Dieu merci ! Dans ma caverne humide, le froid avait si longtemps traversé mes os. Je venais de redécouvrir le soleil et je voulais que, comme moi, tout le monde puisse dorénavant s’y réchauffer.

J’étais si fière d’avoir enfin retrouvé la liberté que j’ai foncé sur la première route qui m’est apparue et sur laquelle, les panneaux de signalisation indiquaient :

Aidez tous les gens à sortir de leur caverne et permettez-leur de vivre enfin.

Sur cette route, j’ai fait halte dans de nombreuses cavernes où j’expliquais aux gens qu’ils avaient la possibilité de sortir à l’air libre, j’ai préparé des guides pratiques dans lesquels j’expliquais les processus et les modes d’emploi à suivre pour s’extraire des trous d’ombre. J’ai tendu des perches auxquelles quelques personnes se sont accrochées et j’ai essayé de faire savoir qu’il existait des pistes directes qui permettaient de sortir presque instantanément des cavernes sombres J’ai avancé sur la route encore et encore, gorgée de soleil et de foi en la vie. J’avais retrouvé le goût de la vie et je voulais tellement le partager. Des gens me disaient oui, je veux te croire, je veux penser que la vie a quelque chose à m’offrir. J’étais heureuse ! Je leur tendais la perche.

Malheureusement, très rares étaient les personnes qui l’empoignaient. Mais bon... je me disais qu’elles n’étaient simplement pas prêtes à quitter l’ombre, que je n’avais pas encore parlé à des gens qui voulaient vraiment en sortir. Je continuais ma route, persuadée que je faisais oeuvre utile parce que les rares personnes qui acceptaient d’agripper la perche réussissaient, pour la plupart, à retrouver la lumière et à reprendre pied dans la vie. Et celles-là étaient si belles à voir !

Puis, lentement, sans que j’en aie vraiment conscience, mon pas s’est alourdi, mon avancée s’est ralentie et j’ai commencé à regarder les habitants des cavernes d’un autre oeil. Peut-être désiraient-ils demeurer enfermés malgré l’ombre et l’humidité dont ils étaient environnés ? Peut-être trouvaient-ils un certain bien-être dans la noirceur et les senteurs acres ? Peut-être avaient-ils cessé de croire en une vie meilleure, avaient-ils simplement perdu l’espoir et s’étaient-ils acclimatés à la non-vie jusqu’à en faire un mode de survie ?

Puis, je me suis retrouvée enfermée dans une impasse, pratiquement seule avec ma perche. J’avais sûrement fait fausse route en fonçant ainsi droit devant moi et en croyant pouvoir aider tous les gens à sortir de leur caverne et à enfin vivre. J’avais soudain la douloureuse impression d’avoir peut-être fait de moi-même une jolie imitation de Don Quichotte pourchassant des moulins à vent !

Je me suis jugée très durement ! J’avais mal analysé la situation; je m’étais trompée royalement; je n’avais pas eu la perspicacité nécessaire pour comprendre que, derrière les dépressions, les phobies, la fatigue chronique et autres problématiques anxieuses, se cache un refus de vivre ou un manque de goût à la vie. Je n’avais pas eu le recul nécessaire pour voir que tous ces éléments n’étaient en fait que des écrans de fumée derrière lesquels plusieurs se réfugient pour fuir la vie. J’avais écrit deux livres qui expliquent comment sortir des cavernes de la non-vie mais je n’avais pas encore compris que ce n’était pas tout de s’en extraire, qu’il fallait encore trouver un bon motif de le faire. C’est ce qui m’a décidé à écrire ce nouveau livre. Lentement, je suis retournée explorer les cavernes qui m’ont abritée durant les quarante premières années de ma vie. Je voulais comprendre comment j’avais pu accepter d’y demeurer et y trouver un confort relatif, pourquoi j’y avais trouvé refuge et surtout, pour quelles raisons j’avais refusé si longtemps d’en sortir. Lorsque j’ai eu une compréhension intense et profonde du phénomène des cavernes affectives, le présent livre a vu le jour tout en douceur. Vous y trouverez les raisons pour lesquelles nous nous réfugions parfois dans le noir. Vous y découvrirez une raison de vivre et de traverser les difficultés qui se présentent ainsi qu’un bon motif de vous extraire de vos cavernes et de ne pas y retourner. Dans mes deux livres précédents, j’ai présenté le remède à la maladie des cavernes. Dans celui-ci, je vous propose une compréhension de ce monde des cavernes affectives et de bons motifs pour saisir la perche qui vous est tendue.

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